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Limite Larsen Théâtre – La Tour 04/11 à 18h – Projet Collapse

Limite Larsen Théâtre – La Tour 04/11 à 18h – Projet Collapse

La municipalité de La Tour vous invite à découvrir « PROJET COLLAPSE 1:

APOCALYPSES » le samedi 4 novembre à 18h en salle Calabraglia (La Tour), un spectacle tout public à partir de 14 ans, plein d’humour et d’intelligence.

 

Entrée libre. Plus d’info:

https://limitelarsen.com/pages/projet_collapse

 

Un temps de débat sera suivi d’un apéritif offert par la mairie et d’un repas partagé où chacun pourra faire découvrir ses spécialités!

 

N’hésitez pas à diffuser l’information et à venir nombreux!

 

Au plaisir de cette rencontre automnale,

 

L’équipe culturelle

Mairie de la Tour

 

 

 

 

PROJET COLLAPSE 1: APOCALYPSES

 

Où il sera question des effets du temps sur une statue colossale, des Moai de l’île de Pâques, de l’effondrement de deux tours, du meilleur moyen de faire un zombie crédible, de différentes techniques de lapidation et de toutes les fins du monde auxquelles j’ai échappé, entre autres.

 

 

 

LE PROPOS

 

L’histoire de l’île de Pâques (racontée par Jared Diamond dans son ouvrage « Effondrement ») est à la fois édifiante et exemplaire. Autour de l’an 1200, un groupe de Polynésiens colonise cette petite île luxuriante. Ils y exploitent toutes les ressources naturelles (la pierre, le bois, la terre, les poissons, les oiseaux…) et prospèrent.

Quand l’île est (re) découverte par les européens en 1722, elle offre un paysage lunaire habité par un petit nombre de pascuans chétifs s’adonnant au cannibalisme.

 

En lisant cette histoire, on ne peut qu’être frappé par le parallèle stupéfiant avec la crise écologique et énergétique que nous traversons.

Est-ce que la même fin nous attend ? Peut-être bien. Si c’est le cas, elle sera certainement pire dans le sens où, autour de l’île de Pâques, il y avait d’autres terres. Autour de notre planète terre à l’agonie, il n’y a rien…

 

Le spectacle est construit de poèmes, chansons, récits et adresses direct au public. Il interroge les processus individuels et collectifs qui ont poussé les pascuans (et qui nous pousse aujourd’hui) à détruire un environnement dont ils avaient (et nous avons) besoin pour leur

(notre) survie.

 

 

 

DISTRIBUTION

 

Conception, Texte et interprétation : Hugo Musella / Mise en scène :

Michael Allibert / Direction : Pierre Blain / Musiques : Céline Ottria / Costumes : Julie Rentz

 

 

 

LE PROJET COLLAPSE

 

C’est le principe de la tragédie : la fin intolérable est annoncée. Tout

le monde la connaît. Il suffirait d’un rien pour l’éviter mais chacun

est dans son droit. Alors personne ne bouge. Alors, écartant les rideaux

d’un geste adroit, gracieux et conquérant, la fin tragique entre en

habit de bal. Élégante et légère, elle dévaste le monde. Derrière elle,

une traînée de cadavres. Fin.

 

Les collapsologues, aujourd’hui, font office de coryphées. Ils annoncent

l’effondrement des civilisations industrielles, et ses suites. Nous

sommes dans la tragédie au sens théâtral du terme. Au sens humain aussi.

C’est-à-dire que les collapsologues ne se contentent pas d’annoncer une

apocalypse divine ou extraterrestre, non, il ne s’agit pas là de

croyance, ils étudient les données scientifiques de l’effondrement :

stocks des ressources énergétiques disponibles (et la manière dont on

les utilise), augmentation croissante de la population mondiale, état de

la pollution, niveau des changements climatiques, évolution de

l’économie mondiale.

 

Au début de leur livre, Comment tout peut s’effondrer[1], Pablo Servigne

et Raphaël Stevens, tels deux Tirésias aux tristes figures, nous

annoncent sans rire : « Le sujet de l’effondrement est un sujet toxique

qui vous atteint au plus profond de votre être. C’est un énorme choc qui

dézingue les rêves. Au cours de ces années de recherches, nous avons été

submergés par des vagues d’anxiété, de colère et de profonde tristesse

avant de ressentir, très progressivement, une certaine acceptation, et

même, parfois de l’espoir et de la joie. »

 

C’est le moment où tout être censé referme le livre et file à la pêche

ou au sauna ou au ciné pour voir une chouette comédie romantique. La

dernière fois que j’ai tourné des semaines autour d’un livre, très

prudemment, en n’osant plus l’ouvrir, ou simplement pour quelques pages

avant de le repousser, envahi par l’angoisse, c’était à la lecture de

Ça, de Stephen King. Mais Ça était une fiction d’horreur. J’avais alors

l’option : « ranger le livre et aller boire une tisane sous la couette de

mon monde douillet et rassurant ». Quand vous refermez Comment tout peut

s’effondrer, vous vous retrouvez face au monde avec ses crises

économiques, ses migrations de masse, son air pollué, ses canicules, ses

ministres de l’écologie qui filent à l’anglaise… Là, vous voulez

refermer le monde. Mais c’est chaud quand même…

 

Alors vous êtes pris de vertige, vous passez quelques nuits blanches et

vous vous prenez en main. Vous vous dites qu’il n’y a peut-être pas de

sujet plus important à traiter. Rien de moins vendeur non plus. Qui veut

voir annoncer la fin de son monde ? Personne. Clairement personne. Non

seulement personne ne voudra voir le spectacle mais il n’est pas

impossible que notre civilisation ne s’écroule avant qu’il ne soit

achevé. Je ne sais pas si cette dernière pensée est rassurante ou

inquiétante.

 

 

 

[1] P. Servigne et R. Stevens, Comment tout peut s’effondrer, collection

Anthropocène, éditions du Seuil, 2015.

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